Méningite à entérovirus chez l'enfant et l'adulte

Lorsque l'inflammation de la pie-mère cérébrale est causée par des entérovirus de la famille des Picornaviridae, le diagnostic de méningite à entérovirus est posé. Le code CIM-10 pour cette maladie est A87.0 dans la catégorie des maladies infectieuses (et G02.0 dans la catégorie des maladies inflammatoires du système nerveux central). Les entérovirus comprennent les virus Coxsackie A et B, les échovirus, les poliovirus et des virus récemment identifiés et numérotés, comme l'entérovirus 71.

Épidémiologie

Les picornavirus, en particulier les groupes des entérovirus et des rhinovirus, sont responsables de la majorité des maladies virales humaines. Les entérovirus provoquent 10 à 15 millions d'infections symptomatiques chaque année aux États-Unis. [ 1 ]

Dans l’ensemble, l’incidence de la méningite virale dans la population générale par an est estimée à cinq cas pour 100 000 habitants.

L'étiologie exacte de la méningite virale (c'est-à-dire le sérotype spécifique du virus) n'est identifiée que dans 70 % des cas. [ 2 ]

Les entérovirus sont considérés comme la cause la plus fréquente de méningite virale dans de nombreux pays du monde, avec 12 à 19 cas pour 100 000 habitants signalés chaque année dans certains pays à revenu élevé.[ 3 ]

Causes méningite entérovirale

Des recherches ont montré que jusqu'à 85 à 90 % de tous les cas de méningite virale, [ 4 ] également appelée méningite aseptique, [ 5 ] sont associés à des lésions de la pie-mère, de la membrane arachnoïdienne et de l'espace sous-arachnoïdien du cerveau par des infections à entérovirus, dont la propagation est saisonnière et augmente considérablement en été. [ 6 ]

Les causes sont l'infection par les virus Coxsackie ou les virus ECHO (Enteric Cytopathogenic Human Orphan), qui peuvent se produire de deux manières: féco-orale (par l'eau, les aliments, les mains ou les objets contaminés par ces virus) et aérienne (par contact avec des personnes malades ou en convalescence dont l'aérosol respiratoire contient le virus). [ 7 ]

Facteurs de risque

Une mauvaise hygiène, les enfants de moins de trois ans et une immunité affaiblie chez les adolescents et les adultes sont considérés comme des facteurs de risque de développement de la méningite à entérovirus.

Les entérovirus, qui causent la plupart des cas de méningite virale, sont contagieux, mais de nombreux cas sont asymptomatiques ou se manifestent par des fièvres autres que la méningite.

Pathogénèse

Il est clair que la pathogenèse de l'inflammation des méninges due aux entérovirus est due à l'action de virus ayant pénétré dans l'organisme. Le mécanisme du processus inflammatoire induit par ces virus Coxsackie et le virus ECHO n'est pas totalement élucidé. [ 8 ], [ 9 ]

On sait que leurs protéines de capside – avant le début de la réplication du génome – interagissent avec certains récepteurs des membranes cellulaires (lysosomales) dans de nombreux tissus et types de cellules humaines, y compris les lymphocytes T et les neurones, ce qui constitue essentiellement la première étape du cycle de vie du virus. [ 10 ]

Initialement, la réplication virale se produit dans les tissus lymphatiques des voies respiratoires supérieures et de l'intestin grêle, puis elle se propage en pénétrant dans le sang (c'est-à-dire après une virémie secondaire). [ 11 ]

Plus d'informations dans le document - Infections à entérovirus - Causes et pathogénèse

Symptômes méningite entérovirale

Les premiers signes de méningite virale (aseptique) causée par des entérovirus se manifestent généralement par une fièvre aiguë (supérieure à +38,5 °C), [ 12 ] des maux de tête, une photophobie, une raideur de la nuque (raideur des muscles occipitaux), des nausées et des vomissements. [ 13 ]

Les symptômes comprennent également des signes d'irritation méningée: contraction involontaire du tendon poplité lors de l'extension de l'articulation du genou chez un patient allongé sur le dos (signe de Kernig); flexion involontaire des jambes et remontée de celles-ci vers l'estomac lors de la tentative d'inclinaison de la tête du patient vers l'avant (signe de Brudzinski). [ 14 ]

Cette infection des méninges se traduit par une irritabilité et des caprices accrus chez le nourrisson, une perte totale d'appétit et un refus d'allaiter, une somnolence accrue et des vomissements. Cependant, la méningite à entérovirus peut survenir chez le jeune enfant sans signes méningés prononcés.

Plus l'enfant est jeune, plus les lésions méningées peuvent survenir rapidement et la réaction inflammatoire peut se développer – méningite fulminante à entérovirus avec les mêmes symptômes ou seulement une faiblesse et des céphalées. Dans de rares cas, une confusion mentale et une stupeur sont possibles. [ 15 ]

Les nouveau-nés atteints de méningite entérovirale peuvent présenter des symptômes similaires à ceux d'une septicémie bactérienne et peuvent également présenter une atteinte systémique telle qu'une nécrose hépatique, une myocardite, une entérocolite nécrosante, des convulsions ou des signes neurologiques focaux.

À lire également – Symptômes des infections à Coxsackie et à ECHO

Complications et conséquences

Les principales complications de la méningite à entérovirus sont le développement d'une méningo-encéphalite et d'un œdème cérébral. Bien que la plupart des méningites aseptiques n'entraînent pas de conséquences graves, des conséquences à long terme peuvent inclure des troubles neuromusculaires, des crises de céphalées et des troubles de la mémoire à court terme.

Certains sous-types d'entérovirus, comme EV71 et EV68, sont associés à des troubles neurologiques plus graves et à des conséquences plus graves. Les complications graves les plus fréquentes de la méningite à entérovirus sont la méningo-encéphalite, la myocardite et la péricardite. Chez l'enfant, les complications neurologiques de l'infection à entérovirus peuvent inclure une paralysie flasque aiguë et une rhombencéphalite. Les troubles neuropsychologiques consécutifs à une méningite virale sont mesurables, mais généralement moins graves que ceux consécutifs à une méningite bactérienne.[ 16 ] Certaines études ont noté des troubles du sommeil comme séquelles à long terme de la méningite.[ 17 ]

Diagnostics méningite entérovirale

Pour fournir un traitement adéquat, les patients suspectés de méningite ont besoin d’un diagnostic précis et rapide, qui commence par un examen physique et une évaluation des symptômes existants.

Pour déterminer l'agent causal de la maladie (et différencier la méningite virale et bactérienne), les tests suivants sont nécessaires: un prélèvement nasopharyngé, des analyses de sang et de selles et une analyse du liquide céphalorachidien (par ponction lombaire). [ 18 ]

Le liquide céphalo-rachidien ou liquide céphalo-rachidien dans la méningite à entérovirus est examiné à l'aide de la méthode PCR multiplex – réaction en chaîne par polymérase, qui permet de détecter la présence d'ARN viral dans celui-ci. [ 19 ]

Le diagnostic instrumental consiste le plus souvent en une tomodensitométrie du cerveau

Plus d'informations dans l'article – Infections à entérovirus – Diagnostic

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel est réalisé avec les méningites bactériennes, tuberculeuses et fongiques, la maladie de Lyme et d'autres infections virales (arbovirus, virus herpès simplex, paramyxovirus, etc.). D'autres étiologies infectieuses à prendre en compte incluent les mycoplasmes, les spirochètes, les mycobactéries, la brucellose et les méningites ou encéphalites fongiques. [ 20 ] Les étiologies non infectieuses incluent les médicaments (AINS, triméthoprime-sulfaméthoxazole, immunoglobulines intraveineuses), les métaux lourds, les néoplasmes, la neurosarcoïdose, le lupus érythémateux disséminé, le syndrome de Behçet et les vascularites. Chez l'enfant, la maladie de Kawasaki peut se présenter de manière similaire à une méningite bactérienne ou virale. [ 21 ]

Traitement méningite entérovirale

La plupart des virus, y compris les entérovirus responsables de la méningite, ne nécessitent aucun traitement spécifique autre que des soins de soutien. Le traitement de la méningite virale repose sur la réhydratation et l'administration d'électrolytes, ainsi que sur le soulagement de la douleur. Les patients doivent être surveillés afin de détecter d'éventuelles complications neurologiques et neuroendocrines, notamment des convulsions, un œdème cérébral et un syndrome de sécrétion excessive d'hormone antidiurétique (SIADH).

Comme le soulignent les experts, une maladie virale est généralement bénigne et disparaît d’elle-même.

Le traitement pour soulager les symptômes comprend des AINS (ibuprofène, etc.) contre la fièvre et les maux de tête. En cas de vomissements importants, il est nécessaire de maintenir un bon équilibre hydrique et électrolytique (boire davantage d'eau). Dans les cas plus graves, la dexaméthasone est administrée par voie parentérale.

Le pléconaril est un agent antiviral actif par voie orale, le premier du genre, qui inhibe sélectivement la réplication du picornavirus en bloquant la fixation et le décapsulage du virus. Cette étude contrôlée par placebo, en double aveugle, a testé l'efficacité du pléconaril oral dans le traitement de la méningite à entérovirus. Le pléconaril a significativement réduit la durée et la gravité des symptômes de la méningite à entérovirus chez l'enfant et a été bien toléré.[ 22 ]

Les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les virus, mais dès l'admission dans un établissement médical - bien que la cause exacte de l'inflammation soit inconnue - ils peuvent être prescrits de manière empirique, et une fois l'agent pathogène viral identifié, l'utilisation d'antibiotiques est arrêtée.

Pour plus de détails, voir:

• Infections à entérovirus - Traitement et prévention
• Traitement des infections à Coxsackie et à ECHO

La prévention

Il n’existe pas de prévention particulière contre cette maladie, mais le respect des règles d’hygiène personnelle peut prévenir l’infection.

Prévoir

Comparée à la méningite causée par des infections bactériennes et fongiques, ainsi qu’à l’inflammation des méninges causée par les herpèsvirus, la méningite entérovirale a un meilleur pronostic, [ 23 ] et la plupart des patients guérissent complètement.