Des scientifiques ont modifié l'ADN pour transformer un homme en femme.

Ce n'est un secret pour personne que la science évolue à un rythme effréné. Cependant, nous ignorons encore beaucoup de choses sur notre propre corps. Par exemple, nous savons depuis l'école qu'une paire de chromosomes X dans le génome signifie qu'une fille naîtra, et que la présence de chromosomes X et Y indique la naissance d'un garçon. Mais savons-nous quels processus contrôlent tout cela?

Récemment, des scientifiques ont commencé à étudier l'ADN dit « poubelle ». Le résultat les a surpris: des généticiens ont réussi à modifier le sexe d'un rongeur sans affecter les chromosomes sexuels.

La découverte a été faite par un groupe de scientifiques dirigé par Robin Lowell-Badge, auteur du projet de recherche et représentant du Francis Crick Institute de Londres. Les spécialistes ont déterminé que deux gènes sont responsables de la stimulation du mécanisme du développement sexuel: le gène Sox9 et le gène Sry. L'un d'eux forme les organes sexuels ultérieurs à partir de parties des structures des cellules sexuelles. Le gène suivant est activé après la formation complète du sexe de l'embryon. Et ce n'est pas tout: si le gène Sry est endommagé, l'embryon femelle devient mâle.

Les chercheurs ne se sont pas arrêtés là. En poursuivant l'expérience, ils ont découvert un segment d'ADN « poubelle » à côté du gène Sox9. Ce segment a reçu son nom: Enh13. Sa propriété est de forcer les protéines cellulaires à déchiffrer la partie chromosomique où se trouve le gène Sox9. Cela augmente son activité, déclenchant ainsi le mécanisme de développement selon le type masculin.

Les scientifiques ont ensuite mené une expérience en croisant deux rongeurs: le premier individu présentait un gène Enh13 endommagé, tandis que l'autre en possédait un intact. Au cours de leur développement, certains embryons appartenaient à des femelles, d'autres à des mâles. Les spécialistes ont limité l'activité du gène Enh13 fonctionnel, ce qui a entraîné la disparition des caractéristiques masculines (organes génitaux) chez tous les mâles, remplacées par des caractéristiques féminines. Résultat: tous les rongeurs nés présentaient des caractéristiques féminines, malgré l'inverse au début de la gestation.

Sur la base des résultats des expériences, les scientifiques ont conclu que la plupart des changements et troubles affectant le développement sexuel des mammifères peuvent être dus à des mutations des gènes mentionnés ci-dessus ou à de l'ADN « poubelle ». Après tout, les anomalies sexuelles ne sont pas toujours causées par des lésions des structures cellulaires sexuelles.

D'ailleurs, lorsqu'on parle d'ADN « poubelle », les scientifiques ont toujours fait référence à des séquences d'ADN génomique dont les fonctions n'ont pas encore été déterminées. Récemment, cette question a été étudiée avec une attention particulière: des spécialistes ont découvert qu'environ 92 % de l'ADN, auparavant considéré comme « poubelle », contrôle en réalité l'activité de gènes actifs. Certains d'entre eux déterminent la spécificité cellulaire, d'autres sont responsables de pathologies héréditaires, etc.

Les progrès de cette étude inhabituelle sont décrits dans les pages de la revue Science.

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